The Richness of Ordinary Chatter. Establishing alternative connection processes through scientific practice and the mediation of plants
La richesse des bavardages ordinaires. Engager des processus de rencontre différents par la pratique scientifique et la médiation des plantes.
Résumé
The aim of the project La richesse des bavardages ordinaires is to create situations of encounter through the familiar presence of plants and the use of strange, even intimidating, scientific processes and instruments.In these banal conversations, the birth of moments of sharing and encounter is at the heart of the practice. The places where these conversations take place are unusual, like Alain’s farm shed in Bazancourt or Pierrette’s bedroom, a resident of a home for the dependent elderly (EHPAD). In some cases, past encounters give rise to new ones, as when I invited Alain to take part in my course for students at the Beaux-Arts de Reims art school,introducing the other to his world. These chats in nursing homes, hospitals, art and science institutions and associations give rise to intense moments of communal sharing of lifestories, portraits, family photos... These chats reveal the inner richness and diversity of each individual. They enable the exchange of experience, knowledge and, in my work in particular, scientific gestures, just as in the old days a common history was created by doing things together, by engaging our bodies and senses, lighting the wood fire, kneading the dough and then tasting the bread together in front of the communal oven. April 2022, 7:09 a.m., Bazancourt train station; Alain picks me up with his tractor, heading for the field next to the soccer field. January 2020, Franprix supermarket, Saclay plateau, I meet Victor, a roadman, by chance,we eat a sandwich, he tells me about his job... Bordeaux, September 2020,EHPAD, nursing home, Terre-Nègre, second floor, I meet 95-year-oldresident Jeanne, she tells me about her old apartment and how she waters the plants in her courtyard. October 2021, I arrive for my first day at the Centre Européen des Biomatériaux et Biotechnologies in Pomacle, where I receive my laboratory notebook and meet Cédric, who passionately explains how the High-Performance Liquid Chromatograph (HPLC) works. Each of these encounters is an artistic act, the slow building of a relationship, the taming and waiting for the Fox and the Little Prince.The retranscription of this work in common, the collection of drawings,photos, spectrograms or laboratory notebooks constitute the material for the installations, which invite visitors to take part in this art in common, and to start a conversation with me or with each other.Thus, this thesis defends the proposition that encounters, the banal and shared gestures make art, and in my work this commonality encompasses science, agriculture, botany and gastronomy, in a form of recursivity of public renderings constructed as a new protocol of encounter, a reiteration. This manuscript invites the reader to enter this time of encounter and make common cause with the plants, machines and humans that populate this work: cyclamen, peace lilies, pelargonium, beet, phase-contrastmicroscopes, spectrographs, elderly people, farmers, researchers... The aim here is to make room for the other and to transcribe this situation of mutuallistening, to bring the reader into the intimacy of these relationships. The scientific instruments, their extended sensorium that enables us to perceive the world differently, and the scientific concepts form the territory of the encounter, and appear in the background of the manuscript. The analytical part of this work is also addressed through humanities researchers.
L’objectif du projet La richesse des bavardages ordinaires est de créer des situations de rencontre à travers la présence familière de plantes et l’utilisation de procédés et d’instruments scientifiques étranges, voire intimidants.Dans ces conversations banales, la naissance de moments de partage et de rencontre est au cœur de la pratique. Les lieux où se déroulent ces conversations sont inhabituels, comme le hangar agricole d’Alain à Bazancourt ou la chambre de Pierrette, pensionnaire d’un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Dans certains cas, les rencontres passées en suscitent de nouvelles, comme lorsque j’ai convié Alain à intervenir dans mon cours aux étudiants des Beaux-Arts de Reims pour échanger avec eux, chacun introduisant l’autre dans son univers.Ces bavardages en EHPAD, à l’hôpital, dans des institutions du monde de l’art ou des sciences et dans des lieux associatifs donnent naissance à d’intenses moments en commun où chacun partage des récits de vie, des portraits,des photos de famille...Ces bavardages révèlent la richesse intérieure et la diversité de chaque personne.Ils permettent l’échange d’expériences, de connaissances et, en particulier dans mon travail, de gestes scientifiques, comme autrefois se créait une histoire commune par le faire ensemble, par l’engagement des corps et des sens, allumer le feu de bois, pétrir la pâte puis déguster ensemble le pain devant le four banal.Avril 2022, 7 heures 09, gare de Bazancourt ; Alain vient me chercher avec son tracteur, direction le champ à côté du terrain de foot. Janvier 2020,supermarché Franprix, plateau de Saclay, je rencontre par hasard Victor,un cantonnier, nous mangeons un sandwich, il me parle de son métier...Bordeaux, septembre 2020, EHPAD Terre-Nègre, premier étage, je rencontre Jeanne, pensionnaire de 95 ans, elle me parle de son ancien appartement et de sa façon d’arroser les plantes de sa cour. Octobre 2021, j’arrive pour mon premier jour au Centre Européen des Biomatériaux et Biotechnologies de Pomacle, où je reçois mon cahier de laboratoire et rencontre Cédric qui m’explique avec passion le fonctionnement du Chromatographe en phase liquide à haute performance (HPLC). Chacune de ces rencontres est un acte artistique, la lente construction d’une relation, l’apprivoisement et l’attente pour le Renard et le Petit Prince. La retranscription de ce travail en commun, la collecte de dessins, photos,spectromètre, ou cahier de laboratoire constituent la matière des installations qui proposent aux visiteurs de prendre part à cet art en commun et de commencer avec moi ou entre eux une conversation, un bavardage.Ainsi cette thèse défend la proposition que la rencontre, le banal et les gestes partagés font art, et dans mon travail, ce commun englobe les sciences,l’agriculture, la botanique, la gastronomie, dans une forme de récursivité des rendus publics construits comme un nouveau protocole de rencontre,une réitération.Ce manuscrit invite le lecteur à entrer dans ce temps de la rencontre et faire cause commune avec les plantes, machines et humains qui peuplent ce travail : cyclamen, fleur de lune, pélargonium, betterave, microscope à contraste de phase, spectrographe, personnes âgées, agriculteurs, ouvriers,chercheurs, ingénieurs... Il s’agit ici de laisser la place à l’autre et de retranscrire cette situation d’écoute mutuelle, de faire entrer le lecteur dans l’intimité de ces relations. Les instruments des sciences naturelles, leurs ensorium étendu qui nous permet de percevoir le monde autrement et les concepts issus de sciences forment le territoire, le terrain de la rencontre et apparaissent en arrière-plan du manuscrit. La partie analytique de ce travail est aussi traitée à travers les rencontres de chercheurs en sciences humaines.
Origine | Version validée par le jury (STAR) |
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